14 sept. 2013

Le camino en une ou plusieurs fois ?

Faire le camino en tronçons d'une semaine ou 2, faire par pays (la France puis l'Espagne) ou partir de chez soi pour finir à Fisterra sont des options qui n'ont  pas les mêmes conséquences.

Faire le camino par tronçons, c'est un peu comme faire le camino à plusieurs: c'est incomparablement plus facile. On peut même cumuler les 2:  faire le camino, par tronçons et à plusieurs... 

Ce ne sera pas du tout la même expérience que ceux qui partent de chez eux, prennent une pierre à déposer à la Cruz de Ferro, et s'en vont pour des mois, seuls, bien qu'occasionnellement en marchant avec d'autres pèlerins.

Le camino n'est pas difficile techniquement ni en France ni en Espagne. Sa difficulté tient dans la durée (à peu près 70 jours de marche) et la longueur (1700 km si vous partez de Puy en Velay).

Beaucoup de pèlerins font le camino par tronçons, faute de temps ou de vacances suffisantes. C'est une  expérience du chemin, mais c'est un peu comme l'apéritif: cela n'a rien à voir avec le plat principal. Il arrive parfois que dans la vie on ait à un moment donné du temps devant soi (chômage, retraite, maladie ...) et faire le camino à ce moment là en entier est une expérience très enrichissante.

Faire la camino en commençant par exemple le 1 er octobre au Puy et le terminer à Fisterra le 20 décembre vous permettra de "rentrer" dans le chemin. Personnellement il m'a fallu plusieurs semaines la première fois. J'observe souvent les pèlerins qui arrivent sur le camino et qui cumulent alors les douleurs somatiques (notamment maux d'estomacs):  ils évacuent leur vie d'avant sur le chemin. Cette "remise à zéro" peut aller très loin: la première fois quand j'ai passé la frontière espagnole après 5 semaines de marche je ne me souvenais plus ni de mon numéro de téléphone portable ni de mon adresse postale quand on me les a demandé à la première albergue...

Faire le chemin en une fois vous permettra de voir les saisons défiler, d'être dans la nature et de la voir évoluer, les feuilles changer de couleur, puis tomber avant que la neige arrive...

2 commentaires:

Oilean a dit…

"...camino par tronçons, faute de temps ou de vacances suffisantes. C'est une expérience du chemin, mais c'est un peu comme l'apéritif: cela n'a rien à voir avec le plat principal..."

Le mot apéritif est un peu...réduire notre marche – qui équivaut souvent à la moitié du chemin - à prélever des échantillons pour en connaître le goût, ce en quoi je ne suis pas d'accord. Il m'a fallu attendre des années avant de me lancer par tronçons, parce que je n'avais pas l'opportunité de laisser mes responsabilités et les miens. Et je vous assure, à vous tous ceux qui ne POURRAIENT PAS FAIRE AUTREMENT, que ce n'est pas un apéro décevant parce qu'interrompu au bout de 15 jours.
La vraie richesse à retirer de ce Chemin, physique, géographique, spirituelle, ou humaine, est proportionnelle essentiellement à l'investissement du pèlerin.
Certains marcheront 60 jours bille en tête, sans dériver d'un pas, d'une marche programmée qui se termine à Santiago avec la satisfaction personnelle d'avoir fait l'intégralité du Chemin.
D'autres goûteront comme un nectar les milles détails et contacts du même chemin qu'ils auront dû fractionné.
Alors non, marcher par tronçons n'est pas une formule apéritif décevante.
Dans la formule repas complet, il y a ceux qui avalent en une seule gorgée le divin met et ceux qui en dégustent longuement chaque bouchée en pensant à tout le travail des hommes qui l'a apprêté et à tous les terroirs qui l'ont lentement produit. Les deux convives se voient sur le Chemin.
Je suis partie 5 années pour des périodes de 15 jours à 3 semaines. A la fin de chaque tronçon, je n'ai jamais eu le sentiment de rester sur ma faim ! J'avais même plaisir à me dire « il me reste encore le dessert pour demain » ! C'est un point de vue à apprécier.
J'en redemande, sachant que ceux qui ont tout avalé d'un coup, referont aussi le même chemin, par besoin et plaisir. Dirais-je de ceux qui ont fait le Chemin entier qu'ils ont fait un énorme gueuleton et que, ceci étant fait et bien fait en totalité, n'ont plus besoin d'y revenir ?
Ceci dit, si j'avais eu la capacité physique et temporel de le faire, bien sûr que j'aurais aimé faire l'intégralité du Chemin.
Buen Camino !

CirauquiMan a dit…

"c'est un peu comme l'apéritif: cela n'a rien à voir avec le plat principal"
ça fait drôle à lire quand même...
Une fois que je suis sur le Chemin, c'est tout aussi délicieux pour moi de déguster une belle étape que plusieurs. Et les composantes différentes à chaque jour des paysages, des météos, et des rencontres font que ça ne m'a jamais fait l'effet d'un amuse-gueule qui m'a juste ouvert l'appétit, en me privant de la suite. Il y a des jours que j'ai mal vécu (où je me demandais ce que je fichais là à souffrir et d'autres jours radieux (surtout en Automne !) qui sublimaient ma marche. Mais je n'ai jamais pensé - sur 15 à 25 jours de cheminement - consommer des "échantillons" du Chemin et être déçu de ne pas le faire en entier d'un coup. Voici mon impression, sans vouloir contrarier l'auteur.